Extraits du discours du Maire d’Orange
"Pendant plus d’un an, un crèpe lugubre va couvrir nos fertiles campagnes, selon les mots de l’Etat-Major de la Garde nationale d’Orange.
Une commission populaire emmenée par le représentant du peuple Maignet décide de s’installer à Orange de mai à août 1794, seule place sûre au milieu du Comtat réputé « diabolique » pour les soldats de la jeune République.
Mais, au fait, pourquoi un Mémorial de la Terreur ? Pourquoi, plus de deux siècles après les faits, le recueillement et la permanence du souvenir sont-ils toujours intacts ?
Qu’est-ce qui explique la honte, toujours indélébile, qui s’attache aux événements de Messidor et de Thermidor de l’An II de notre République ? (...)
32 religieuses ont été arrêtées, condamnées à mort et guillotinées pour avoir refusé l’apostasie d’un serment et avoir manifesté jusque sur l’échafaud leur liberté de conscience.
C’est un fait. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé ni raconté ainsi.
Ces sœurs ont été béatifiées en 1925. Cette année, leur procès en canonisation est relancé.
Aujourd’hui, le maire que je suis, à la suite de Rodolphe d’Aymard, est heureux de mener à son terme une volonté municipale qui me dépasse tant dans le temps que dans l’action.
Vous ne voyez pas ici la démonstration du bon vouloir de Jacques Bompard.
Ce Mémorial, au contraire, illustre une permanence née au lendemain des terribles massacres de l’été 1794, quand, dans les brumes nocturnes de Martignan, les Orangeois se recueillaient déjà sur le charnier où reposaient leurs proches, et que les autorités d’alors craignaient quelque trouble vengeur qui ne survint jamais.
Auguste Caristie, le célèbre architecte des Monuments Historiques à qui Orange doit tant, a été mandaté par la Ville pour créer un premier monument expiatoire à ce même endroit. Les bouleversements de 1830 n’en ont laissé aucune trace.
Désormais, les passions ne sont pas toutes apaisées, mais les protagonistes ont disparu.
225 ans plus tard, il est grand temps, non pas d’effacer le passé, mais de se réconcilier avec lui, de l’accepter et d’aller à sa rencontre par l’Art et la prière. (...)
Le destin de ces religieuses, de ces ouvriers, de ces paysans, n’est-il pas la résurgence du mythe d’Antigone, cette jeune fille grecque qui s’oppose à la loi du tyran pour satisfaire à l’obéissance de la Tradition ?
Les Maignet, les Viot, les Fauvety ne sont que les Créon terroristes que chaque époque de troubles voit naître.
Face à eux, il faut maintenir la petite flamme de l’esprit critique et de la volonté pour que, par-delà l’adversité et parfois la mort, finisse par triompher la Vérité ! Puisse ce Mémorial nous aider, ainsi que les générations futures, à y parvenir."